🪶 Wuchang: Fallen Feathers — Sous les plumes, la tempête
Note finale : 7/10
Genre : Souls-like / Action-RPG
Plateformes : PC, PS5, Xbox Series (Game Pass inclus)
Durée de vie : 40 à 60 heures
Développeur : Leenzee Games
Éditeur : 505 Games
🧭 Le pari d’un nouveau challenger venu de l’Est
Depuis quelques années, la scène vidéoludique chinoise monte en puissance, s’essayant à tous les genres, y compris celui — très exigeant — des Souls-like. Après Black Myth: Wukong, c’est au tour de Wuchang: Fallen Feathers de se frotter à l’arène des ténors. Développé par Leenzee Games, le titre n’a jamais caché son ambition : proposer un jeu d’action punitif et raffiné, dans un univers sombre inspiré de la Chine de la fin de la dynastie Ming.
Mais entre les intentions et la maîtrise, il y a parfois une frontière... fine comme une plume.
🎭 Une Chine dark fantasy, séduisante et mystérieuse
L’univers de Wuchang est l’un de ses atouts majeurs. Oubliez les ruines grises et stériles des Souls classiques : ici, la dévastation est colorée, foisonnante, presque sublime. Des temples aux toits rougeoyants, des forêts hantées, des pagodes verticales, des échafaudages branlants à escalader, des panoramas spectaculaires… Chaque zone raconte quelque chose, et l’inspiration artistique imprègne chaque recoin.
Le tout est porté par un Unreal Engine 5 solide, des textures fines, une excellente gestion de la lumière et zéro chargement entre les zones. Sur PC, l’expérience est fluide (selon la config), et sur console, plusieurs modes d’affichage s’adaptent au confort recherché.
La narration, elle, suit la tradition du genre : elliptique, cryptique, parfois frustrante. On incarne Bai Wuchang, une pirate amnésique atteinte d’une maladie surnaturelle nommée Ornithropie – faisant pousser des plumes et menant lentement à la monstruosité. Une sœur disparue, un moine sauveur, des zones infestées de créatures : voilà l’ossature scénaristique. L’univers se déploie par bribes, à travers des dialogues minimalistes et des descriptions d’objets, comme le veut la tradition "FromSoftware".
Mais l’implication est récompensée : plusieurs fins alternatives, conséquences aux choix et personnages récurrents viennent nourrir un récit plus riche qu’il n’en a l’air. Les amateurs de lore y trouveront leur compte, à condition d’aller le chercher.
⚔️ Un gameplay original... mais déséquilibré
🔹 La bonne idée : la Puissance Céleste
Le système de Puissance Céleste est sans doute la trouvaille la plus marquante. Fini la simple barre de mana : ici, Wuchang accumule des points en réussissant des esquives parfaites, contres synchronisés, ou chocs d’armes. Ces points permettent ensuite d’utiliser des sorts, des compétences ou des attaques spéciales, et même d'améliorer temporairement ses stats.
Cette mécanique force à jouer agressif mais précis, à maîtriser les timings, et donne une saveur particulière aux combats. C’est aussi un outil de build-making très flexible, surtout combiné aux pierres de bénédiction qu’on peut sertir dans les armes pour personnaliser encore plus son style.
🔹 Le gros hic : l'inertie et le manque de fluidité
Malheureusement, la bonne idée se heurte à la lourdeur excessive de Wuchang. Chaque action — attaque, soin, esquive — est engoncée dans une animation longue, rigide, impossible à annuler. On se retrouve régulièrement à mourir non pas par manque de réflexes, mais parce que l’héroïne met trois secondes à boire une potion pendant qu’un boss nous explose la colonne vertébrale.
L’équilibrage est aussi problématique. Là où le joueur est lourd, les ennemis, eux, sont souvent ultra agressifs, avec des combos rapides, des esquives éclair, et des fenêtres d’attaque microscopiques. Certains boss exigent une précision extrême et une connaissance parfaite de leurs patterns, quitte à rendre l’expérience décourageante.
🔹 La mécanique de folie : audacieuse mais punitive
Autre idée forte : la Folie, qui grimpe à chaque mort ou meurtre humain. Plus la jauge monte, plus vous tapez fort… mais plus vous êtes vulnérable. À 100 %, un démon surgit sur votre cadavre et peut vous traquer, rendant la récupération de votre XP encore plus risquée. Un concept grisant, mais qui peut virer à la punition pure si mal géré.
🔧 Un RPG complet et bien pensé
L’aspect RPG de Wuchang est très développé : cinq types d’armes (avec variantes), plusieurs sorts, équipements à améliorer, enchantements, bénédictions, pendentifs, aiguilles spéciales modifiant les effets… Tout est là. Chaque montée de niveau se fait via un système d’arbres de talents liés à vos armes et compétences. Et si vous vous trompez ? Vous pouvez réattribuer vos points gratuitement, un choix rare et bienvenu.
Le loot est généreux, la progression gratifiante, et les possibilités de personnalisation nombreuses. On peut même changer l’apparence de ses équipements, pour ceux qui aiment le style autant que l’efficacité — les amateurs de Fashion Souls apprécieront.
🧨 Un bestiaire en dents de scie
C’est l’un des points les plus discutables du jeu : le bestiaire est limité. Humains et créatures corrompues se partagent les niveaux, avec une réelle diversité esthétique… mais une redondance dans les patterns. On aurait aimé plus de mini-boss pour casser la routine, et surtout une meilleure montée en puissance dans la variété des ennemis.
Heureusement, les boss relèvent le niveau : mis en scène, multi-phases, spectaculaires, avec une vraie dimension épique. Certains resteront en mémoire longtemps… d'autres, pour de mauvaises raisons (trop de frustration, trop peu de lisibilité, pic de difficulté absurde).
🗺️ Une exploration maîtrisée, et parfois sadique
Le level design est clairement inspiré de Dark Souls, dans ce qu’il a de meilleur : zones interconnectées, raccourcis ingénieux, verticalité, pièges fourbes. On passe d’une grotte humide à un monastère en ruines, d’un sommet enneigé à une forteresse labyrinthique. L’ensemble est dense, cohérent et jamais répétitif.
Mais Leenzee pousse parfois le vice un peu trop loin : ennemis planqués derrière chaque porte, mines one-shot sous la neige, chemins piégés sans préavis. On meurt souvent non pas par maladresse, mais par piège injuste, et ça casse parfois le plaisir de l’exploration.
🎧 Ambiance sonore et technique : solide
Côté technique, Wuchang tient bien la route pour un jeu AA. La direction artistique fait des merveilles, les doublages en chinois renforcent l'immersion, et la bande-son accompagne parfaitement l’intensité des combats. Le HDR est encore à améliorer, certains effets visuels peuvent buguer, et la caméra n’est pas toujours fiable… mais rien de rédhibitoire.
🧾 Conclusion : Un diamant brut, encore trop tranchant
Wuchang: Fallen Feathers n’est pas qu’un clone de Dark Souls en costume chinois. C’est une œuvre sincère, ambitieuse, parfois brillante dans ses idées, mais qui manque encore de souplesse pour égaler les cadors du genre.
Si vous aimez explorer, souffrir, expérimenter des builds complexes, et que vous n’avez pas peur de mourir cent fois avant d’avoir votre victoire, Wuchang est fait pour vous. Il n’a pas la maîtrise chirurgicale d’un Sekiro, ni la finition d’un Lies of P, mais il a du cœur, des idées, et surtout une âme.
La note de la rédac : 7/10 !
Points forts
Points faibles
À propos de l'auteur
À L'AIZE GAME - Boutique, mais pas que.
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