Sorti le 24 juillet 2025, Killing Floor 3 tente de réinjecter de l’adrénaline dans l’un des FPS coopératifs les plus gore et cultes des années 2010. Tripwire Interactive revient avec une formule plus sombre, plus technique, plus ambitieuse sur le papier… mais qui semble avoir oublié une partie de ce qui faisait battre le cœur de la licence : sa démesure. Autopsie d’un titre qui tranche dans le vif, mais pas toujours là où il faut.

🧬 Un univers dystopique sous-développé

La saga Killing Floor n’a jamais brillé par sa narration, et ce troisième opus reste fidèle à cette tradition. On retrouve pourtant un contexte riche : un futur à la Blade Runner, 70 ans après les événements du précédent jeu, où la mégacorporation Horzine a laissé s’échapper ses expériences bio-ingénérées, les Zeds. Le joueur incarne un membre de Nightfall, un escadron chargé de contenir l’invasion.

Mais cette promesse de dystopie glaçante reste trop peu exploitée. La mise en scène est minimale, les cinématiques rares, les missions secondaires anecdotiques. L’univers visuel et sonore fait le travail, mais les personnages manquent de substance, et les enjeux narratifs s’effacent très vite derrière le bruit des mitrailleuses. Ceux qui attendaient une montée en gamme sur le storytelling resteront sur leur faim.

💉 Un gameplay repensé, entre progrès et rigidité

Killing Floor 3 modernise sa formule avec plusieurs nouveautés significatives :

• L’introduction de spécialistes (personnages aux capacités uniques) en lieu et place des anciennes classes libres.

• Un arbre de compétences beaucoup plus complet, obligeant à faire de vrais choix.

• La possibilité de modifier les armes via des modules (suppressions, effets élémentaires, viseurs…).

• De nouveaux gadgets utilisables au combat, comme les tourelles, tyroliennes ou drones médicaux.

Sur le papier, c’est prometteur. Dans la pratique, ces ajouts ajoutent de la profondeur stratégique… mais aussi de la lourdeur. Le lien rigide entre spécialiste et classe gêne la liberté de build. Le jeu semble parfois hésiter entre son ADN arcade et une volonté de devenir un FPS plus tactique. Le résultat est clivant : les vétérans regrettent la souplesse de KF2, tandis que les nouveaux venus saluent une structure plus claire et moderne.

🔫 Sensations de tir et viscéralité : toujours au rendez-vous

Là où Killing Floor 3 fait mouche, c’est dans ses sensations pures. Le feeling des armes est chirurgical, avec un sound design qui claque à chaque tir. Le système M.E.A.T. 2 livre des démembrements impressionnants, des explosions de tripes à chaque grenade, et des animations de mort viscérales. Les glissades, escalades et dash ajoutent de la verticalité bienvenue.

Le retour du Zed Time (ralenti déclenché sur un headshot critique) est toujours aussi savoureux, créant des moments de pure jubilation. L’aspect coopératif à 6 joueurs reste le pilier du plaisir : couvrir un couloir ensemble, sauver un allié d’un Scrake, combiner les ultimes... C’est dans l’urgence et la tension que le jeu déploie tout son potentiel.

Mais attention : le solo est morne, les vagues deviennent prévisibles, et l’équilibrage laisse à désirer. Certaines classes dominent outrageusement, et certaines armes sont pratiquement inutilisables dans les vagues supérieures. Tripwire devra affiner tout cela.

🌆 Un contenu de base honnête, mais clairement insuffisant

Au lancement, Killing Floor 3 propose :

• 8 cartes (sombres, industrielles, souvent verticales)

• 6 spécialistes jouables

• 3 boss différents

• Une boutique pour acheter ou débloquer du contenu

• Des défis hebdomadaires

• Un système de progression pour chaque classe

C’est correct pour un lancement… mais largement en dessous de ce que proposait Killing Floor 2 après des années de mises à jour. Le manque de diversité visuelle entre les cartes, l’absence de véritables campagnes scénarisées, et le retrait temporaire du modding (très actif dans KF2) plombent la rejouabilité sur le long terme. Le potentiel est là, mais il faudra attendre plusieurs mois de contenu pour que le jeu atteigne son plein régime.

🎮 Technique et direction artistique : de nets progrès

Grâce à l’Unreal Engine 5, Killing Floor 3 affiche une réalisation nettement supérieure à son prédécesseur. Les environnements sont plus détaillés, les jeux de lumière mieux gérés, les modèles ennemis plus crédibles. L’ambiance générale, plus sombre et cyberpunk, colle bien au nouveau ton de la série.

La fluidité est exemplaire sur Xbox Series, même en pleine mêlée, et le travail sur les bruitages des armes et des Zeds mérite d’être salué. En revanche, certaines animations de monstres manquent d’expressivité, et la musique industrielle peine parfois à vraiment électriser les combats.

🎯 Verdict

Killing Floor 3 est une suite honnête, ambitieuse sur certains points, mais trop timide sur d’autres. Tripwire tente un virage plus moderne, plus structuré, plus technique. Mais en tentant de séduire un public plus large, le studio semble avoir mis de côté une partie de la folie, de la liberté et du plaisir brut qui faisaient de Killing Floor 2 une référence du FPS coopératif gore.

Un bon socle, un gameplay solide, mais un vrai besoin de contenu, de liberté et de personnalité pour que Killing Floor 3 devienne l’incontournable qu’il ambitionne d’être.