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Test de Little Nightmares III — Plongée à deux dans le cauchemar

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Il y a des sagas qui s’imposent sans dire un mot. Little Nightmares en fait partie. Depuis son premier souffle en 2017, la série a su hanter les joueurs grâce à son esthétique entre horreur et tendresse, et son art singulier de raconter les peurs de l’enfance sans prononcer une seule phrase. Avec Little Nightmares III, le cauchemar se prolonge, mais cette fois, on n’est plus seul. Supermassive Games, studio connu pour Until Dawn et The Quarry, prend le relais de Tarsier Studios pour un troisième épisode qui veut à la fois honorer l’héritage et bousculer la formule. Et si la peur changeait de visage à deux ?


🕯️ Une nouvelle descente dans la Spirale

Fini Six et Mono : place à Low et Alone, deux enfants masqués perdus dans la Spirale, un monde fragmenté en univers cauchemardesques. Lui, le garçon corbeau, manie un arc. Elle, la fillette au regard voilé, brandit une clé à molette trop grande pour elle. Ensemble, ils cherchent à s’échapper d’un monde qui semble avoir oublié la lumière.

Dès les premières minutes, le jeu nous replonge dans cette atmosphère si particulière, mélange de douceur enfantine et de cruauté grotesque. Les environnements, démesurés, font de nous des créatures minuscules évoluant dans un théâtre d’ombres où tout semble sur le point de nous engloutir.

Chaque chapitre de Little Nightmares III explore un lieu différent de la Spirale — la Nécropole, un parc d’attractions dévoyé, une maison géante où un bras serpentin rampe dans les couloirs… Autant de scènes symboliques où l’enfance, une fois encore, se confronte à la peur du monde adulte.


🤝 Ensemble, mais seuls

La grande nouveauté de ce troisième volet, c’est la coopération.
Supermassive fait le pari d’un jeu à deux, jouable en ligne (mais pas en local, hélas). L’un incarne Low, l’autre Alone, et il faut unir les forces des deux enfants pour résoudre les énigmes, actionner des leviers, ou échapper aux créatures.

Sur le papier, le concept est brillant. Dans les faits, il se heurte à quelques limites. L’absence de coopération locale paraît incompréhensible pour un titre aussi intimiste, et l’IA qui remplace l’autre joueur en solo montre parfois ses failles : décalages dans le timing, erreurs de parcours, lenteurs qui brisent la tension. On aurait aimé pouvoir passer librement d’un personnage à l’autre, ne serait-ce que pour fluidifier l’expérience.

Malgré cela, le binôme fonctionne. L’un et l’autre se complètent, leurs outils servent à des moments précis, et certaines énigmes exigent une vraie coordination. En ligne, quand deux joueurs communiquent, la magie opère : l’effroi se partage, et la peur devient une expérience commune.


🧩 Un cauchemar cérébral

Supermassive Games, fidèle à sa tradition, mise sur une approche plus cérébrale du cauchemar.
Les puzzles sont nombreux, parfois ingénieux, souvent élégants. Ils rompent le rythme et obligent à l’observation, mais leur abondance tend aussi à diluer la tension. Little Nightmares III se fait alors plus réfléchi que viscéral, plus lent que terrifiant. Les courses-poursuites paniquées, marque de fabrique des épisodes précédents, se font rares, remplacées par une exploration plus posée, presque contemplative.

Le gameplay en 2,5D reste efficace, mais la gestion de la profondeur, déjà critiquée dans les anciens opus, provoque encore des frustrations : chutes imprévues, objets invisibles, passages manqués. Rien de dramatique, mais assez pour rappeler que le cauchemar n’est pas toujours parfaitement huilé.


🌫️ Une atmosphère toujours unique

Visuellement, le jeu est un bijou de malaise. Supermassive n’a rien perdu de la patte visuelle héritée de Tarsier.
Chaque décor semble respirer la peur, entre architectures distordues et textures qui oscillent entre le jouet et le cauchemar. Les proportions absurdes des environnements — portes géantes, visages sans yeux, silhouettes désarticulées — renforcent la sensation d’oppression.

Les monstres, eux, incarnent à nouveau cette horreur grotesque propre à Little Nightmares. Tantôt poupées vivantes, tantôt adultes difformes, ils matérialisent les traumatismes enfantins sous des formes monstrueuses. Certains effraient, d’autres intriguent, mais tous provoquent ce malaise familier, celui qui colle à la peau sans jamais éclater en cri.

Le tout est porté par une direction sonore magistrale. Les silences, les grincements, les respirations étouffées — tout contribue à faire de la peur une musique. Supermassive excelle ici, entre tension millimétrée et émotions feutrées.


🩸 Une peur trop sage ?

Si Little Nightmares III charme par sa beauté, il peine parfois à surprendre.
Les deux premiers chapitres manquent de souffle, les décors y sont ternes et monotones, et la peur met du temps à s’installer. Il faut attendre la seconde moitié du jeu pour que l’univers prenne toute sa dimension horrifique et symbolique.

On regrette aussi un certain manque d’audace : la formule reste inchangée, les énigmes familières, les symboles déjà explorés. Le passage de témoin entre Tarsier et Supermassive se ressent : le studio maîtrise le genre, mais semble encore hésiter à s’approprier pleinement cette licence poétique et macabre.


🎭 Verdict : un cauchemar maîtrisé, mais pas inoubliable

Little Nightmares III est un conte lugubre, une fable sur la peur et la solidarité.
Supermassive y injecte sa maîtrise technique et son sens du rythme, mais perd un peu de cette étrangeté viscérale qui faisait des précédents épisodes des cauchemars inoubliables. Le duo Low et Alone fonctionne, le monde est fascinant, et la mise en scène continue de captiver. Mais l’absence de coop locale, les lenteurs du gameplay et le manque de renouvellement empêchent le jeu d’atteindre les sommets de la série.

Pourtant, malgré ses imperfections, la magie opère encore. On avance, minuscule, à travers les ombres. On trébuche, on s’égare, on retient son souffle. Et, comme toujours, on finit par s’y attacher — à ces enfants, à ce monde, à ce silence.

La note de la rédac : 7.5/10 !

Points forts

  • Une direction artistique toujours sublime
  • Une ambiance sonore d’une précision redoutable
  • Une coopération qui renforce la narration
  • Des puzzles variés et souvent malins

Points faibles

  • Pas de coop locale
  • Début trop terne, manque de rythme
  • Quelques soucis d’IA et de lisibilité
  • Une peur moins viscérale que par le passé

À propos de l'auteur

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